Cet article est la suite de Avant, j’étais timide… Je vous invite à le (re-)découvrir avant de continuer la lecture.
Timidité et besoin de s’exprimer
La timidité n’empêche d’avoir une folle envie de s’exprimer . Même quand vous essayez de vous faire le plus discret possible, il y a des situations où vous ressentez le besoin de parler. Parce que vous voulez apporter un élément nouveau à une conversation, parce que vous voulez donner votre avis ou pire encore parce que vous n’êtes pas d’accord avec quelqu’un ! Quand j’étais confronté à ce genre de cas, il m’arrivait de réagir de différentes manières :
La plupart du temps, je me contentais de garder pour moi ce que j’avais à dire, et je revivais la scène plus tard dans ma tête pour imaginer ce qui aurait pu se passer si je m’étais exprimé.
Les fois où on me demandait mon avis, je me contentais d’être d’accord avec la dernière personne qui avait parlé puis changer d’avis si la personne qui parlait ensuite ne pensait pas la même chose.
Parfois je préparais soigneusement ma réplique, la répétant plusieurs fois dans ma tête avant de me décider à m’exprimer, si bien que mon intervention, quand elle était entendue, tombait à l’eau car elle n’avait plus lieu d’être.
Et il y avait les fois, où ça sortait tout seul, peut-être parce qu’il s’agissait de sujets, de personnes ou d’enjeux importants. Je me retrouvais à exprimer très maladroitement une opinion, dans un état émotionnel disproportionné, à parler trop fort, la voix tremblante, le sang montant à la tête. Puis plus rien. Je dépensais tellement de ressources à m’exprimer sans contrôle que je n’étais pas capable de faire face aux réactions que je pouvais susciter et je me renfermais à nouveau sur moi-même pour faire en sorte qu’on m’oublie.
Ce genre de situation m’a permis de réaliser à quel point la zone de protection que j’avais construite pour éviter d’être mal à l’aise était devenue trop petite pour moi. En grandissant, je ressentais le besoin de m’exprimer, de communiquer mais je ne savais pas comment faire.
Sortir de sa cage
C’est le théâtre qui m’a permis d’entrevoir une porte de sortie. Entrevoir, car le chemin a été long. Bon nombre de situations que j’ai décrites ici sont survenues alors que j’en faisais déjà.
Un atelier théâtre s’est créé dans mon collège quand j’avais 13 ans. La première année, je me suis contenté d’aller observer mes camarades de classe pendant leurs répétitions, et je me suis surpris à découvrir l’envie d’y aller, de jouer, d’interpréter des personnages, de monter sur scène. Si bien que l’année suivante j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis inscrit.
Ça a été une véritable révélation pour moi. Quel plaisir de se lancer, de se dépasser, de sortir de soi ! Je pense que c’est exactement ce que je ressentais à l’époque, le plaisir de me comporter différemment, d’être quelqu’un d’autre, de mettre un nouveau masque qui m’autorisait à faire ce que je n’osais pas faire autrement.
Je ne voyais pas le théâtre comme un moyen de combattre ma timidité et de me sentir mieux au quotidien, mais comme un moyen de m’échapper. D’ailleurs, je n’étais pas particulièrement bon et il y avait des difficultés que j’avais du mal à surmonter, notamment interpréter des émotions. J’étais incapable de jouer la colère car cela demandait une véritable implication personnelle, ce que je fuyais encore.
Lors des premières représentations en public, il fallait exagérer la dose de maquillage sur le visage pour qu’on ne voit pas trop que j’étais tout rouge. Ces premiers moments sur scène étaient un véritable mélange d’émotions, de la peur, de l’excitation, du stress, du plaisir, de la fierté… C’était surtout un constat important :
Oui, j’étais capable de m’exprimer et d’oser accomplir quelque chose.
Et vous?
Avant de lire la suite de cet article, venez commenter et parler de votre timidité, de votre propre expérience et de ce que vous évoque l’article.
Je me sens moins seul en lisant tes 2 articles, mais je rougis encore pour ma part. Je suis tombe sur ton blog en cherchant justement a m’inscrire a un cours de theatre pour y remedier comme celui que tu vas delivrer a la Basse Cour mais malheureusement il est deja complet.
Quand j’etais plus jeune je rougissais tres souvent. Que ce soit a l’ecole: aller au tableau, lire a haute voix en classe, les evaluations de flute en musique… ca c’etait vraiment le pire, on doit continuer seul a essayer de souffler dans cette bon dieu de flute jusqu’a la fin de la chanson avec toute la classe face a soi qui se moque. Ca arrivait aussi des fois hors milieu scolaire, avec ma famille qui me charie un peu ou des connaissances croisees au hasard et a qui je ne savais juste pas quoi dire. Je m’en suis plaint a mon pere a l’epoque qui m’a dit que lui aussi avait eu ca etant petit et que ca lui etait passe avec l’age…
La ou ca devient assez triste c’est qu’a 30 ans aujourd’hui ca m’arrive encore. Typiquement cette semaine 4 ou 5 fois alors que ca ne m’etait pas arrive depuis quelques mois. Dans mon boulot, je fais regulierement des presentations, l’auditoire est des fois de 20 personnes pendant 1h et des fois c’est en anglais et pourtant rien. Bien au contraire, on m’en demande d’en faire plus car je serais bon en presentation a priori.
Par contre, aller chez un cordonnier demander de nouveaux lacets et me faire repondre que je devrais juste changer de chaussures car elles sont vieilles m’a fait rougir et transpirer pendant 1 minute…
Une autre fois, presentation du bilan de l’entreprise, je suis cache au milieu de l’auditoire et ne serait-ce qu’a l’idee que je puisse etre felicite pour un de mes projets m’a fait rougir. J’ai degage tellement de chaleur en rougissant que les gens derriere moi ont demande a ouvrir la fenetre.
Par contre, faire un mini sketch de 15 minutes seul avec ma soeur a un mariage devant 150 personnes, aucun probleme, meme au salut sous les applaudissements et je ne connaissais pas la moitie des personnes.
Mes reflexions m’ont amene a en conclure que c’etait l’imprevu, de ne pas etre prepare, de se sentir pas pret et donc ne pas savoir ce qu’on doit faire. Alors dans ma tete je me dis ‘Mais qu’est-ce que tu fous la » et vient cette grosse envie de disparaitre par enchantement, d’une maniere naturelle et qui ne choquerait personne 🙂
Avec ceux a qui j’en parle, on appelle ca faire le thermometre, on dit aussi « flinguer une chemise » de toute la transpiration que j’evacue quand ca me prend.
Voila, experience partagee et comme tu l’as dit, la route est longue.
Je trouve le récit bien construit, les situations de timidité me rappelant des moments difficiles (que je rencontre encore de temps en temps). A un moment on ne peut plus être spectateur de sa vie, ça suffit plus ! ^^
Des fois ça s’apparente plus au fait de défoncer des portes qu’on voulait pas ouvrir pour pas faire de bruit et qui nous demande du coup un effort disproportionné (et du coup incompris, comme bien montré dans le récit). C’est pas une période facile !
Je me souviens aussi de moment similaire à ton épisode du pull rouge, où j’avais invité chez moi des amis en leur disant que je les avertirai quand je voudrai être seul pour pouvoir avancer sur un projet perso ; et bien, étouffé par ma timidité, je n’ai pas avancé et j’ai attendu que les gens s’en aillent, et j’ai pas pu avancer !
Mais c’est de petites batailles en petites bataille qu’on se rend contre qu’on est au moins capable de participer à la guerre ! 🙂